Arrêt du co-dodo : le moment idéal pour cesser de dormir avec son enfant
Les chiffres sont têtus : aucun consensus, aucun calendrier officiel ne vient dicter l’âge idéal pour mettre fin au sommeil partagé avec son enfant. Au gré des recommandations, les lignes bougent entre impératifs de sécurité, besoins émotionnels et choix familiaux. Certains parents s’accrochent au rituel du co-dodo bien après la petite enfance, d’autres tournent la page dès les premiers mois.
Impossible de s’appuyer sur une règle fixe liée à l’âge ou à l’autonomie de l’enfant pour décider du moment où chacun retrouvera son propre lit. Pourtant, une transition improvisée peut semer le trouble : troubles de l’endormissement, anxiété, ou sentiment d’abandon. D’où l’intérêt d’accompagner cette étape avec attention, réflexion et dialogue.
Plan de l'article
Le cododo aujourd’hui : pratiques, enjeux et recommandations
Le cododo, longtemps minoré en France, revient en force. Alors que des décennies de discours valorisaient le sommeil en solo, de plus en plus de familles s’inspirent de pratiques venues d’ailleurs, notamment d’Asie. Dormir dans la même pièce, parfois dans le même lit, séduit pour plusieurs raisons : l’allaitement devient plus simple, la proximité rassure l’enfant, et les nuits paraissent moins morcelées.
Mais la question de la sécurité du sommeil partagé ne quitte jamais vraiment le débat public. L’OMS et la HAS rappellent que partager le lit parental expose, surtout les nourrissons, à un risque accru de mort subite. Dès lors, la solution privilégiée consiste à garder bébé dans la chambre parentale, mais sur un couchage séparé : berceau cododo, lit d’appoint sécurisé. La vigilance reste de mise.
D’un foyer à l’autre, les pratiques varient considérablement. Certains enfants dorment avec leurs parents jusqu’à l’âge de la maternelle, dans une logique de continuité affective. D’autres rejoignent leur propre chambre plus tôt, favorisant l’indépendance. Les spécialistes, psychologues et pédopsychiatres, invitent chacun à s’adapter : observer le développement de l’enfant, sa capacité à se séparer sans angoisse, la dynamique familiale. Il n’y a pas de règle unique, juste une invitation à la nuance et à l’écoute.
À quel moment envisager la fin du co-dodo avec son enfant ?
Quand vient l’idée de mettre un terme au co-dodo, le flou domine. Pas de règle stricte en France, juste des repères. La plupart des recommandations reposent sur l’observation du développement de l’enfant et le ressenti des adultes. Heloïse Junier, psychologue spécialisée, estime que le bon moment correspond à l’émergence des premiers élans d’autonomie : l’enfant commence à vouloir faire seul, à investir son espace. Parfois, le poids de l’enfant, notamment autour de 9 kg, impose aussi de délaisser certains modèles de lits cododo.
Voici ce que l’on observe dans les familles :
- Certains enfants réclament leur propre lit dès 18 à 24 mois, souhaitant explorer leur chambre ou affirmer leur indépendance.
- D’autres profitent du lit partagé jusqu’à 3 ans, parfois plus, en fonction des habitudes familiales ou culturelles.
Le ressenti parental entre également en ligne de compte. Parfois, la décision s’impose quand le sommeil des adultes se dégrade, ou que la vie de couple s’efface. L’essentiel est d’éviter la coupure soudaine. En France, l’autonomie est souvent valorisée tôt, à l’inverse de sociétés comme l’Inde où la cohabitation nocturne se prolonge naturellement.
En cas de doutes ou de difficultés, un avis professionnel, pédiatre ou psychologue, peut apporter un éclairage précieux. Prendre le temps d’observer les besoins de l’enfant, sa capacité à se mouvoir, sa tranquillité la nuit, aide à choisir le bon moment sans précipitation ni heurt.
Accompagner sereinement la transition vers un sommeil autonome
Changer de rythme nocturne, quitter le lit parental, ce sont des étapes parfois teintées d’appréhension. Pour l’enfant, mais aussi pour l’adulte. Passer du lit cododo à un lit individuel, que ce soit un modèle à barreaux, un lit Montessori ou évolutif, demande de la douceur et du temps. Le respect du rythme de chacun fait la différence.
Pour sécuriser cette transition, il est utile de mettre en place des routines du coucher stables. Un câlin, une histoire, une veilleuse tamisée ou une berceuse : ces repères rassurent et aident à structurer le moment de l’endormissement. Ils apaisent les craintes, notamment la peur d’être séparé la nuit. Les professionnels du sommeil, qu’ils soient pédiatres ou psychologues, encouragent à associer l’enfant aux choix liés à sa chambre et à son lit : cette implication favorise l’acceptation et l’appropriation de ce nouvel espace.
Quelques idées concrètes pour faciliter ce passage :
- Installer le nouveau lit ensemble, laisser l’enfant choisir sa veilleuse ou sa peluche favorite, permet de rendre ce changement plus positif et moins subi.
- Si besoin, prévoir une période de va-et-vient avec des retours ponctuels dans la chambre parentale limite l’angoisse, autant chez l’enfant que chez les parents.
La clé reste l’écoute : observer, ajuster, accepter les tâtonnements. Rien ne sert de brusquer la séparation nocturne. En cas de difficultés persistantes ou d’angoisse profonde, il ne faut pas hésiter à solliciter l’avis d’un pédopsychiatre ou d’un spécialiste de la petite enfance. L’objectif : accompagner chaque membre de la famille vers un sommeil paisible, sans pression ni culpabilité.
Un matin, l’enfant dormira dans son propre lit, fier de son territoire retrouvé. Et les parents, parfois surpris de ce calme soudain, découvriront qu’une nouvelle page vient de s’ouvrir, tout simplement.
